Le porteur d’eau
Visite du musée des Beaux-Arts à Alger ce week-end.
Erà ora (il était temps) ! Cela fait quatre ans que je souhaite y aller. Un vendredi à 16h je pensais trouver porte close. Mais non. Je suis avec les enfants, après les avoir fait faire du vélo sur le front de mer. Mauvaise idée : la semaine précédente un petit con a troué une peinture et nous voilà donc flanqués d’un gardien qui m’oblige à tenir la main de Côme et Sandro. Evidemment, ils ont envie de faire pipi et ça les barbe…
Mais c’est MA sortie les cocos alors vous prendrez votre mal en patience !
Je fus surpris de voir de grands artistes exposés : Renoir, Degas, Monnet, Pompon. Je m’attendais à voir Etienne Dinet à tous les étages (Dinet est à l’Algérie ce que Delacroix est au Maroc), mais la collection est plus étendue que prévu. En revanche, il n’y a quasiment rien d’Algérien ! L’interdiction des arts figuratifs par l’Islam peut-être ?
En tous cas, je suis ébloui par deux peintures : l’une d’Hippolyte Lazerges (le Porteur d’Eau de 1872) et l’autre de Dinet, évidemment : l’oiseau bleu.
H. Lazerges « le porteur d’eau »
On raconte que l’artiste demanda à son modèle de poser pour lui, contre rétribution. Depuis, une solide amitié lia les deux hommes. Au fil des jours, l’œuvre prenait forme.
Un matin, le Biskri ne vint pas au rendez-vous. Le lendemain, non plus. Le peintre commença à s’inquiéter de l’absence de son ami le porteur d’eau. N’ayant pas de famille à Alger, le Biskri passait ses nuits dans un café maure. Après recherche, Hippolyte Lazerge apprit la triste nouvelle du décès du porteur d’eau, par le cafetier qui l’hébergeait. Le vieux Biskri est mort la nuit d’avant. Sa dépouille fut déposée à la morgue de l’hôpital Mustapha. « Si personne ne le réclame après un certain délai, son corps servira pour la science ! » Révélera son logeur. L’artiste peintre s’empressa alors, de faire les démarches nécessaires pour que son modèle ait droit à un enterrement décent.
Hippolyte Lazerge hérita ainsi de la cruche de cuivre de son défunt ami, le porteur d’eau. On la retrouvera dans l’atelier de l’artiste.
L’oiseau bleu est introuvable sur le Net. Il faudra que vous veniez donc à Alger !!! Je serai votre guide et – promis – nous irons au musée sans enfants.
